Orgue : 2 claviers , pédalier - 16 jeux
L’église Saint Michel de Grimaud est une petite église romane du XIème siècle. La longueur de cette petite nef sans son abside est d’environ 20 mètres sur une largeur de 6 mètres environ.
Le positionnement de l’orgue était problématique du fait de la capacité d’accueil de l’ église, déjà bien inférieure à sa fréquentation habituelle. La situation au sol d’un instrument était donc difficile à envisager.
L’idée de suspendre l’instrument a alors été envisagée, puis adoptée.
Celui-ci est niché à droite et sous la voûte, au niveau de la première travée.
Le haut du buffet est dessiné de telle sorte qu'il suive parfaitement la courbure de la voûte et le bas s'inscrit dans le cintre de l'arcade du mur latéral.
Ce qui fait que l'orgue s'intègre parfaitement dans l'architecture de l'église en prenant le moins d'espace possible.
On accède à la partie instrumentale par une échelle mobile.
Le principe de la transmission s’est ensuite posée. Une traction mécanique habituelle aurait nécessité une structure porteuse importante avec une avancée non négligeable sur la largeur de la nef. Cette solution qui a été étudiée et optimisée impactait considérablement l’équilibre architectural et cela, dès l’entrée dans la nef.
Il fallait donc opter pour une transmission numérique qui permettait en particulier de concevoir une console séparée.
Celle-ci est située en dessous de l’instrument. La position d’écoute pour l’organiste est convenable bien qu’indirecte. Le son est renvoyé par la voûte et la différence avec la position face à l’orgue est peu significative. Cette console est néanmoins mobile, il est possible de la situer ou l’on veut.
Composition :
Le premier plan sonore est un plénum conçu comme le « Ripieno Italien ». Une déclinaison de plusieurs formes de registrations polyphoniques est ainsi possible.
A cet ensemble est ajouté une flûte appelée « Traverso » à l’imitation des premières flûtes traversières de l’époque baroque.
Le second plan, prévu pour s’opposer et dialoguer le premier, est constitué essentiellement de flûtes d’une trompette et d’un cornet qui forme ainsi un grand chœur.
Au pédalier on dispose d’un jeu de 16p intégralement construit en étain (les basses de ce jeu sont en façade). L’attaque particulière de ce type de tuyau s’assimile au « coup d’archer » des gambistes, elle donne une bonne précision au son fondamental. Ce jeu se dédouble en 8p et peut également être joué depuis le premier clavier.
1er clavier - 56 notes | 2eme clavier - 56 notes | Pédale - 32 notes |
Bourdon 16' | Bourdon 8' | Bourdon 16' |
Montre 8' | Flûte ouverte 4' | Bourdon 8' |
Prestant 4' | Flûte conique 2' | Bourdon 4' |
Douzième 2 2/3' | Cornet 5 rgs | |
Quinzième 2' | Trompette 8' | |
Dix-neuvième 1 1/3' | ||
Vingt-deuxième 1' | ||
Traverso 8' |
Accouplement II/I -Tirasse I en 8, Tirasse II en 8, Tirasse II en 4
Tremblant
Transmission électronique et Combinateur de registrations : ELTEC Automazioni
Le choix de la transmission s'est porté sur un système mis au point assez récemment par l'entreprise ELTEC, la transmission numérique proportionnelle définit comme suit par le concepteur :
"l'électro-aimant est le cœur du système proportionnel. Son devoir est de suivre fidèlement le mouvement de la touche en permettant une ouverture graduelle de la soupape.
FONCTIONNEMENT :
Le boîtier (master) situé dans la console relève la position des touches appuyées et transmet les données résultantes au boîtier (slave) situé dans l’orgue. Le boîtier slave traite ces données et, par les cartes de sorties proportionnelles, transmet à chaque électro-aimant la position où il doit s’ajuster.
Le microprocesseur de la carte de contrôle de l’électro-aimant lit, un millier de fois par seconde, soit la position de l’ancre de l’électro-aimant soit la position finale où il doit arriver (position directement proportionnelle à celle de la touche) et il corrige sans cesse les valeurs de courant des deux bobines pour porter ou maintenir l’ancre en cette position."
Quelles sont les qualités et les avantages d’un système proportionnel ? :
Plusieurs configurations possibles : Un programme intégré au système permet de varier le paramétrage à volonté, selon le choix de l’organiste, afin de fixer le niveau de déclenchement et de rupture à sa convenance. On peut ainsi recréer l’effet naturel de la flexion de toute mécanique, si faible soit- elle.
La qualité du toucher : le mouvement de la soupape est effectivement directement proportionnel à celui de la touche. Le geste de l’organiste est donc fidèlement retransmis. Le geste du lâcher (plus important que le geste d’attaque) est complétement maîtrisable. Il y a la réelle sensation du contact direct avec le son.
La différence entre un toucher proportionnel et un toucher mécanique direct :
Si l’on veut retrouver exactement la sensation d’un toucher mécanique, c’est une mauvaise approche pour faire connaissance de ce nouveau système. En aucun cas, une transmission électrique proportionnelle ne pourra recréer exactement la « sensation » mécanique.
Ceci étant dit, la finalité du système de transmission proportionnelle est absolument identique à celle de la transmission mécanique:
Maîtriser le lâcher et (éventuellement) l’attaque. C’est seulement au niveau de la « sensation tactile » que les deux principes différent.
La « sensation tactile » est importante. Elle contribue en quelque sorte à conditionner l’appréciation des masses sonores que l’on met en oeuvre.
Un grand plénum avec au moins deux claviers accouplés, par exemple, est agréable à jouer sur un toucher un peu résistant, la masse sonore mise en mouvement semble être en rapport avec l’effort physique demandé. C’est une « impression » qu’il est nécessaire de dépasser pour comprendre et apprécier la transmission proportionnelle.
Historiquement cette démarche d’adaptation et de dépassement des habitudes au niveau du toucher s’est déjà produite plusieurs fois dans l’histoire de la facture d’orgues :
Dans l’histoire de la facture de piano on note également et exactement les mêmes révolutions / évolutions : Le double échappement de Sébastien Erard ou tous les autres systèmes proposées, tous faisant preuve d’autant d’invention dont la facture de piano s’est enrichie.
A chaque fois, les organistes, les pianistes se sont adaptés.
Pour les plus importantes inventions concernant le toucher des instruments à claviers, on peut penser que le langage musical a peut-être aussi évolué en conséquence (songeons à la vélocité fulgurante de Liszt qui s’est certainement développée particulièrement sur des pianos d’Erard dont il appréciait le toucher).
En facture d’orgue il va sans dire que l’assistance des leviers Barker a permis à Cavaillé-Coll de développer le style symphonique.
Aujourd’hui, le système proportionnel libère l’architecture traditionnelle de l’orgue dont la forme générale des buffets reste (à quelques exceptions près) complètement conditionnée par les limites des diverses tractions mécaniques.
Avec ce nouveau système, système puissant et en rapport direct avec la capacité des sommiers à registres et aussi, capable de vaincre sans difficulté la résistance de plusieurs trains de soupapes, les parties instrumentales de l’orgue se trouvent délivrées de toutes les anciennes contraintes induites par la transmission mécanique.
De nouvelles dispositions instrumentales sont maintenant possibles.
Au plan musical, ce nouveau principe de traction se prête bien à différentes manières de toucher le clavier, sa précision permet très facilement une articulation rigoureuse ou un jeu legato des plus stricts.
Comme pour l’habituelle transmission électrique on/off, la dureté cumulée des accouplements est inexistante: ceux-ci peuvent être faits, si on le souhaite, soit à l’unisson, soit à l’octave grave ou aigu, mais aussi à tous les intervalles possibles.