Orgue, 2 Consoles :
Console mécanique : 3 claviers, pédalier - 72 jeux
Console électrique : 4 claviers , pédalier - 97 jeux
Le projet de cet orgue a été peu à peu défini au cours d'échanges avec Dennis Keene, organiste titulaire du nouvel instrument et chef de chœur de l'église de l'ascension de New-York, et Jon Gillock, organiste de notoriété internationale, auteur tout dernièrement, d'un ouvrage portant sur l'analyse de l'œuvre pour orgue d'Olivier Messiaen.
Ce projet n'avait pas, à l'origine, la volonté de répondre à une définition stylistique précise, qu'elle soit néo-classique, néo symphonique, néo-baroque etc... mais plutôt l'intention de mener, en terme de facture d'orgues, une réflexion sur la manière de servir le mieux possible une large période musicale.
Cette réflexion a été alimentée par plusieurs visites et écoutes attentives de quelques instruments (St Rémy de Provence, cathédrale d'Evreux) et en particulier celui de l'église de la Trinité à Paris, représentatif de l'univers musical d'Olivier Messiaen, Jon Gillock nous ayant suggéré d'écouter en détail les multiples combinaisons sonores inventées par Olivier Messiaen sur cet orgue.
L'adhésion à ce projet musical a été pour nous, immédiate et naturelle car c'est une démarche qui s'inscrit naturellement dans l'histoire et l'évolution de l'orgue en général.
Composition : Console mécanique
Positif - 61 notes | Grand-Orgue - 61 notes | Récit/Echo - 61 notes | Pédale - 32 notes |
Quintaton 16' | Montre 16' | Bourdon 8' | Bourdon 32' |
Montre 8' | Bourdon 16' | Flûte d'allemand 4' | Bourdon 16' |
Bourdon 8' | Montre 8' | Nazard 2 2/3' | Flûte 16' |
Flûte conique 8' | Bourdon 8' | Flûte 2' | Principal 16' |
Salicional 8' | Gambe 8' | Tierce 1 3/5' |
Flûte 8' |
Prestant 4' | Flûte harmonique 8' | Basson et Cor anglais 8' | Violoncelle 8' |
Doublette 2' | Grande Quinte 5 1/3' | Hautbois 8' | Bourdon 8' |
Fourniture 4 rangs | Grande Tierce 3 1/5' | Trompette 8' | Grande Quinte 10 2/3' |
Cymbale 3 rangs | Prestant 4' | Voix humaine 8' | Grande Tierce 6 2/5' |
Flûte conique 4' | Flûte octaviante 4' | Clarinette 8' | Grosse Quinte 5 1/3' |
Nazard 2 2/3' | Nazard 2 2/3' | Grosse Tierce 3 1/5' | |
Quarte de Nazard 2' | Quinte 2 2/3' | Octave 4' | |
Tierce 1 3/5' | Doublette 2' | Flûte 4' | |
Larigot 1 1/3' | Flûte 2' | Quinzième 2' | |
Flageolet 1' | Grande Fourniture 2 rangs | Plein-jeu 5 rangs | |
Basson 16' (anches à larmes) | Fourniture 4 rangs | Bombarde 32' | |
Cromorne 8' | Cymbale 3 rangs | Bombarde 16' | |
Trompette 8' | Grand Cornet 7 rangs | Basson 16' | |
Clairon 4' | Bombarde 16' | Basson 8' | |
1ère Trompette 8' | Trompette 8' | ||
2ème Trompette 8' en chamade | Clairon 4' | ||
Clairon 4' |
Accouplement Posit/G.O. - Echo/Positif - Echo/G.O.
Tirasse G.O., Positif, echo - Tremblants G.O., Positif, Echo
Combinateur électronique ELTEC
Composition : Console électrique
Grand-Orgue - 61 notes | Positif - 61 notes | Récit express - 61 notes | Récit/Echo - 61 notes | Pédale - 32 notes |
Montre 16' | Quintaton 16' | Bourdon 16' | Bourdon 8' | Bourdon 32' |
Bourdon 16' | Montre 8' | Principal 8' | Flûte d'allemand 4' | Bourdon 16' |
Montre 8' | Bourdon 8' | Bourdon 8' | Nazard 2 2/3' | Bourdon 16' (Récit) |
Bourdon 8' | Flûte conique 8' | Gambe 8' | Flûte 2' | Flûte 16' |
Gambe 8' | Salicional 8' | Voix céleste 8' | Tierce 1 3/5' | Principal 16' |
Flûte harmonique 8' | Prestant 4' | Aéoline 8' | Basson et Cor anglais 8' | Flûte 8' |
Grande Quinte 5 1/3' | Doublette 2' | Aéoline céleste 8' | Hautbois 8' | Violoncelle 8' |
Grande Tierce 3 1/5' | Fourniture 4 rangs | Flûte harmonique 8' | Trompette 8' | Bourdon 8' |
Prestant 4' | Cymbale 3 rangs | Flûte octaviante 4' | Voix humaine 8' | Grande Quinte 10 2/3' |
Flûte octaviante 4' | Flûte conique 4' | Prestant 4' | Clarinette 8' | Grande Tierce 6 2/5' |
Nazard 2 2/3' | Nazard 2 2/3' | Nazard harmonique 2 2/3' | Grosse Quinte 5 1/3' | |
Quinte 2 2/3' | Quarte de Nazard 2' | Tierce harmonique 1 3/5' | Grosse Tierce 3 1/5' | |
Doublette 2' | Tierce 1 3/5' | Octavin 2' | Octave 4' | |
Flûte 2' | Larigot 1 1/3' | Plein-jeu 5 rangs | Flûte 4' | |
Grande Fourniture 2 rangs | Flageolet 1' | SurCymbale 3 rangs | Quinzième 2' | |
Fourniture 4 rangs | Basson 16' (anches à larmes) | Basson 16' | Plein-jeu 5 rangs | |
Cymbale 3 rangs | Cromorne 8' | Basson-Hautbois 8' | Bombarde 32' | |
Grand Cornet 7 rangs | Trompette 8' | Voix humaine 8' | Bombarde 16' | |
Bombarde 16' | Clairon 4' | 1ère Trompette harm. 8' | Basson 16' | |
1ère Trompette 8' | Trompette harm. 8' cham | Basson 8' | ||
Trompette 8' en chamade | Clairon harmonique 4' | Trompette 8' | ||
Clairon 4' | Clairon 4' |
Accouplements: Pos / GO en 16, 8, 4, Récit / Pos en 16, 8, 4, Récit / GO en 16, 8, 4,
Echo / GO en 16, 8, 4, Echo / Pos en 16, 8, 4.
Tirasses : Go en 8 et 4, Pos en 8 et 4, Récit en 8 et 4, Echo en 8 et 4
Tremblants GO, Pos, Récit, Echo
Expression récit coté chœur - Expression récit coté collatéral droit - Expression Echo - Crescendo
Combinateur Eltec.
enregistrements audios :
Olivier Messiaen -Jon Gillock
J.S. Bach, P. Du Mage -Francis Chapelet
En effet, on observe que les mutations stylistiques se font le plus souvent par une adaptation progressive d'un modèle originel. Celui-ci se transforme et évolue en phase avec les divers styles d'écriture musicale propres à chaque époque: polyphonique, classique, romantique, symphonique, etc... Il arrive même parfois que cette évolution devance l'imaginaire des musiciens. C'est le cas des instruments de Cavaillé-Coll dont l'idée précède l'œuvre, entre autres, de César Franck.
L'orgue est donc en perpétuelle évolution et l'histoire de celui de Notre-Dame de Paris en est un exemple significatif: un Blockwerk au moyen-âge encore présent dans l'orgue du début 17ème, transformé par Cavaillé-Coll au 19ème et, pour finir, complété et adapté aux techniques modernes d'aujourd'hui. Toutes les traces de cette évolution sont encore là, présentes, et l'histoire de l'orgue Français y est écrite.
La facture d'orgue subit également en continu une part d'influences étrangères, d'Allemagne du nord, d'Espagne, d'Italie, etc..., qui vient aussi modifier les compositions traditionnelles pour que l'orgue s'adapte aux nouvelles sensibilités musicales. L'expérience acquise part les facteurs d'orgues lorsqu'ils réalisent des grandes restaurations historiques est, et reste encore, absolument nécessaire pour bien comprendre et maîtriser l'ensemble des différentes esthétiques. Ces connaissances permettent également une approche beaucoup plus réaliste dans le cas d'une création conçue volontairement à l'opposée des solutions historisantes actuelles.
Nous avons défini en premier les orientations à partir desquelles a naturellement découlée la conception générale du projet : l'orgue a donc été pensé d'abord pour s'adapter au répertoire moderne du 20ème siècle et celui de la musique contemporaine,. Mais, c'est principalement la musique d'Olivier Messiaen qui a été prédominante dans la conception sonore de l'ensemble.
L'orgue pour la musique de Messiaen, et particulièrement celui de l'église de la Trinité à Paris où il fut titulaire pendant de nombreuses années, est un instrument de Cavaillé-Coll modifié et auquel furent ajoutés des ingrédients classiques.
C'est principalement ce type d'orgue qui a inspiré les compositeurs de l'époque " Néo-Classique ", appellation aujourd'hui considérée comme suspecte du fait des nombreuses et malheureuses transformations d'instruments réalisées entre les années 1925 et 1968, sur des chefs-d'œuvre du patrimoine Français d'orgues historiques, et faites parfois de manière irréversible.
Ce concept d'orgue, aussi mal réalisé soit-il, a néanmoins inspiré beaucoup de musiciens, dont Olivier Messiaen, et il est, à notre avis, inconcevable de l'ignorer. L'objectif de ce type d'instrument, dit " néo-classique " était de permettre d'aborder une grande partie du répertoire classique. Or ceci reste encore difficilement acceptable aujourd'hui pour beaucoup d'organistes et de facteurs d'orgues Européens, mais nous pensons qu'il est réellement possible de proposer des solutions cohérentes grâce aux connaissances acquises lors des restaurations à caractère historique, que ce soit celle d'instruments de la Renaissances, des périodes classiques, romantiques ou symphoniques.
Et ce sont ces connaissances historiques accumulées qui ont orienté la conception de l'orgue de l'église de l'Ascension. On y retrouve donc les entités classiques comme le plenum et les jeux de tierces complètement développés, le grand-chœur d'anches sur des sommiers dédiés, une disposition classique des plans sonores : grand-orgue, positif, récit / Echo, grand-récit expressif, grande et petite pédale.
Une grande part de la base " classique " de l'orgue se trouve dans les buffets disposés à gauche du chœur : le grand-orgue, le positif, le récit Echo et une part importante de la pédale. Ces ensembles se jouent avec une transmission mécanique suspendue, depuis la console située en fenêtre.
En face, un buffet identique, abrite le grand récit expressif et le reste des jeux de pédale. La totalité de l'orgue, qui regroupe les deux buffets, à gauche et à droite du chœur, avec leurs façades respectives donnant dans les collatéraux, se joue depuis une console 4 claviers à transmission numérique, console mobile qui peut être disposée au centre du chœur pour le concert. C'est sur celle-ci, qu'on abordera plus facilement le répertoire contemporain ou du 20ème siècle qui n'a en général pas été écrit pour des orgues à transmissions mécaniques directes.
Les buffets ont été dessinés pour s'intégrer le plus harmonieusement possible dans l'architecture du site. Ils sont en bois de frêne et noyer. Le décor sculpté s'inspire librement du style " Art Nouveau " en écho aux vitraux de style Tiffany de l'église. Les motifs essentiels représentent des oiseaux stylisés, en référence au chant des oiseaux si cher à Olivier Messiaen.
La Disposition et les détails des parties instrumentales :
L'orgue est divisé en deux groupes situés dans le chœur de l'église et de chaque coté du maître-autel. Deux façades de 16p sont donc en vis-à-vis. Ces deux ensembles ont également chacun une ouverture dans les collatéraux à droite et à gauche du chœur sur lesquelles on a plaqué deux buffets dont l'un est constitué de deux façades de 8p superposées.
L'orgue de gauche, comporte la majeure partie de l'organisation instrumentale : Le plan de grand-Orgue, le positif au dessus et, à l'arrière du positif, le plan de Récit/Écho. Les grands fonds de pédale sont en bas (Bourdon 32p, Bourdon 16p, Contre basses 16p, Flûte 8p, Jeux de tierces de 32p, Bombarde 32p etc..). L'ensemble s'étage sur 13 mètres de haut.
L'orgue de droite est occupé principalement par le Récit expressif de 21 jeux, sa façade principale est constituée par des tuyaux de jeux de pédale (principal 16p, principal 8p). Entre cette façade et la boîte expressive du récit sont disposés également le basson de 16p, le basson de 8p, le plein-jeu de pédale, l'octave de 4p et la quinzième. La façade donnant dans le collatéral est constituée des basses du second 8p du clavier de Grand-orgue. La suite de ces jeux, comme l'intégralité du second 4p se trouve située à l'arrière de cette façade.
Les sommiers du grand-Orgue sont au nombre de quatre : 2 grands sommiers de 16 registres et 2 autres pour les 3 jeux d'anches, bombarde, trompette, clairon. La deuxième trompette en chamade est le premier registre des sommiers des fonds depuis la façade.
La configuration est la même pour le positif situé au dessus, les quatre sommiers ont les mêmes dimensions. La traction mécanique des claviers tire en permanence deux trains de soupapes, l'un pour les jeux de fonds avec des soupapes de plus d'un pied de long, et l'autre, plus petit, pour les jeux d'anches. Pour faciliter le décollement, les deux premières octaves de chaque sommier sont équipées d'un système d'aide au décollement. Le toucher est souple et réactif pour chaque clavier. Il y a deux possibilités d'accouplements des claviers entre eux, soit électrique, soit mécanique.
La tuyauterie est entièrement coupée sur le ton à la manière classique. Cependant certains jeux sont avec une entaille d'harmonie, les gambes et voix célestes, les æolines, le second 4p et surtout le second 8p du grand-orgue. Ces deux jeux dont la taille donnée par Cavaillé-Coll est assez forte, surtout dans les dessus, ont une harmonie à pieds ouverts. Lorsqu'on joue la registration de tous les 8 pieds de tous les claviers ensembles, le " Second huit pied " ajoute un effet de plénitude, puissant et fortement ascendant. L'image sonore de l'orgue est ainsi centrée pour l'auditeur situé dans la nef.
Le plenum en deux plans, Grand-Orgue et Positif, est ordonné sur la fondamentale de 16p, à la manière française, grande Fourniture avec ses résultantes de 10 2/3p, Fourniture et Cymbale.
Le plein-jeu du récit expressif n'entre pas dans la configuration de ce plenum. Sa fonction est prévue plutôt en emploi avec les anches dont on a privilégié le caractère symphonique. La Sur-Cymbale figurant à ce clavier est en revanche du type " néo-classique " fine de taille et aigüe, harmonisée à bouches basses et pieds relativement fermés. L'emploi d'un tel jeu figure dans certaines registrations très particulières d'Olivier Messiaen, c'est aussi la couleur typique de l'époque néo-classique qui considérait l'effet des plein-jeux comme une lumière intense et pénétrante dont le but était d'illuminer le fond d'orgue.
A l'inverse, la conception classique comprend le plein-jeu, le plenum, comme le résultat d'une synthèse d'harmoniques : un son homogène avec sa voyelle parfaitement définie.
Les jeux d'anches se différencient de trois manières différentes.
- La première : classique, en copie des anches " Dom-Bédos " de l'église Ste Croix de Bordeaux, pour les anches du grand-orgue, du positif et la trompette, le hautbois et la voix humaine du Récit / Echo, avec les anches caractéristiques en laiton, en forme de " U " et ouvert au 2/3.
- La seconde : la clarinette 8p et le basson 8p du récit /Écho, le basson 16p du positif, avec des anches à larmes, selon les mesures Cavaillé-Coll et les bassons 16 et 8p de la pédale, avec des anches à larmes rectangulaires recouvertes d'une plaque d'étain.
- La troisième : les anches harmoniques du récit avec les anches plus fermées du type " Bertounèche " (artisan français qui fabriquait les rigoles d'anches de Cavaillé-Coll, cette petite entreprise ayant existé et produit jusqu'en 1976).
L'acoustique de l'église, dont le temps de réverbération d'environ 3 secondes peut paraître assez court, a cependant l'avantage de ne provoquer aucune déformation de l'image sonore. Les basses sont d'une définition nette et n'envahissent pas l'espace alors que les aigus sonnent sans aucune agressivité. Il n'y pas de surfaces courbes dans l'architecture intérieure pouvant induire une réverbération perturbante.
vidéo youtube : Christopher Houlihan - 2012