ROQUEMAURE - Collégiale Saint-Jean-Baptiste

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Orgue : 2 claviers , pédalier - 17 jeux

 

 

Un document d’archive mentionné dans « Orgues-Comtadines et Provençales », ouvrage publié par Norbert Dufourcq, décrit la composition d’un instrument du 17ème siècle en place dans l’église saint Agricole en Avignon. Cette composition correspond à l’orgue, présent aujourd’hui de la collégiale saint Martin de Roquemaure. Pierre Chéron facteur d’orgues (1922-1990), qui révéla l’intérêt majeur que représentait cet instrument fit le rapprochement entre ce document d’archive et l’orgue qu’il remettait en service à Roquemaure dans les années 1967-70. Depuis, l’orgue est considéré comme un instrument authentique du 17ème .

 

Composition :

 

Grand-Orgue - 48 notes Récit - 25 notes Pédale -8 notes :
    ut,ré,mi,fa,sol,la,sib,si
Montre 8' Cornet V rgs : Flûte 12'
Bourdon 8' ( Flûte 8-4' + Bombarde 12'
Prestant 4' Cornet III rgs )  
Flûte 4'    
Doublette 2'    
Nazard 2 2/3'    
Tierce 1 3/5'    
Larigot 1 1/3'    
Fourniture II rgs    
Cymbale III rgs    
Trompette 8'    
Cromorne 8'    
Vx Humaine 8'    
Grand Cornet V rgs    

Tremblant doux - Rossignol

 

 

 

 

 

 

 

L’instrument fut ensuite classé monument historique et une restauration complète fut entreprise en 1985. Les travaux portèrent sur la restauration du buffet, celle des sommiers, celle de toute la mécanique, la rallonge de l’intégralité des tuyaux pour retrouver le ton d’origine (415hz à 18°), la création d’un cornet de récit, de deux jeux d’anches disparus, Cromorne et Voix Humaine,  et le retour à l’organisation particulière, d’origine,  des deux jeux de pédale,  la construction de nouveaux claviers et l’adaptation provisoire d’une soufflerie à lanterne, en attente de 3  soufflets cunéiformes, à venir.

 

La datation de cet instrument ne fait pas l’unanimité. Certains facteurs d’orgues et experts, estiment qu’il s’agit plutôt d’un ensemble complètement recomposé du début du 19ème siècle par un facteur italien. A ce titre,  il faut rappeler, qu’effectivement des facteurs italiens ont travaillé en Provence et plus précisément dans le comtat Venaissin, au début du 19ème siècle.  Ce fut le cas pour l’orgue de L’isle sur la Sorgue, construit au 17ème par le flamand Le Royer et « italianisé » par Mentasti. On peut entendre et  aussi admirer  aujourd’hui l’orgue de la métropole d’Avignon, appelé communément « l’orgue doré » construit par le facteur Piantanida autours des années 1820.

 

Mais, quoi qu’il en soit, les deux sommiers de l’orgue, intégralement en noyer, d’une splendide facture, semblent bien avoir été conçus pour contenir la tuyauterie actuelle. La composition de l’orgue, parfaitement conforme au document d’archive, n’est pas celle d’un orgue italien, tout comme le reste de la partie instrumentale qui, à l’évidence, relève d’un plan français.

 

La facture des tuyaux, en revanche, est très semblable à celles d’orgues anciennes encore nombreux en Italie : métal laminé puis raclé, riche en plomb, aplatissage typique italien. Seules différences, les hauteurs de bouches, un peu plus hautes et l’ouverture des pieds plus réduite, la pression du vent étant élevée, 91mm à la colonne d’eau. Cette pression a été déterminée par l’épaisseur des languettes originelles de la trompette.

 

L’arrière du buffet est rempli de graffitis de toutes époques. L’un d'eux, à la sanguine, fait mention de travaux réalisés en 1720. La forme de l’écriture est sans équivoque ancienne. Or, dans la collégiale de Roquemaure, il n’y avait pas d’orgue à cette époque… Ceci semble bien confirmer l’hypothèse de Pierre Cheron, qui indique que l’orgue viendrait d’Avignon et qu’il correspond très exactement au document d’archive publié par Norbert Dufourcq. Le buffet, d’un style difficile à dater précisément pourrait aussi, être du 17ème , il suffit de contempler les étonnants couronnements des tourelles qui font inévitablement penser aux perruques Louis XIV-Louis XV...

 

 

La tuyauterie, presque complète,  est construite avec un principe  d’établissement de mesures simples comme celles qui régissent le plenum : de la Montre 8p jusqu’au dernier rang du Plein-jeu, il s’agit du même système de progression des diamètres, autrement dit, c’est le même diapason qui à été utilisé pour construire la Montre, le Prestant, la Doublette et les rangs du plein jeu. Les tuyaux bouchés, Bourdon de 8p, Flûte de 4p, Nasard, ont les mêmes mesures que ceux du plenum (pour la même hauteur de ton), ils sont simplement coupés à la moitié.

La trompette est en fer blanc, équipée de rigoles ouvertes presque à la moitié de leur diamètre. La Bombarde de pédale ressemble en tout point à celle de « l’orgue doré » de la métropole du palais des papes en Avignon. Nous avons rallongé toute cette tuyauterie afin d’obtenir le ton 415 Hz. Cette détermination du ton est le résultat de l’étude complète de la façade où les traces des fenêtres d’accord d’origine étaient parfaitement identifiables. Le tempérament est un dérivé du tempérament Rameau. Aucun intervalle de tierce n’est réellement pur. L’objectif est d’éviter la réduction trop prononcée des quintes qui, dans le cas d’un accord mésotonique à 8 tierces pures, entrent inévitablement en conflit avec celles, pures, du plein jeu. Les intervalles de tierces, do /mi, Mi / Sol#, la/  Do#, Ré, Fa#, sol /Si, Fa / La  sont donc légèrement plus grands  d’une période de battement équivalente à celui d’un tremblant « doux ». La consonance des accords est presque aussi satisfaisante que celle générée par l’accord mésotonique intégral.

 

Bombarde 16 pieds en fer-blanc :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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