Nos réalisations

NEUCHÂTEL (Suisse) - Collégiale Notre Dame

Orgue : 2 claviers , pédalier - 27 jeux

Retour à l’origine de l’orgue 1870

Le souhait exprimé dans le programme fonctionnel des travaux est le retour à l’état original de l’orgue tel qu’il fut conçu par la firme Walker en 1870.  La manufacture Walker fondée par Eberhard Friedrich Walcker (né le 3 juillet 1794 à Cannstatt (Stuttgart) et décédé le 2 octobre 1872 à Ludwigsbourg) a été l’une des plus prestigieuses manufactures d’orgues allemandes dont la pleine  activité débute au milieu du XIXe siècle.

Cette entreprise familiale qui s’est transmise jusqu’ en 1999 a construit plus de 6000 instruments. La réputation des orgues édifiés par la manufacture Walker est comparable à celle des ateliers Cavaillé-Coll de Paris. La particularité de ces orgues de style « romantique / Symphonique » est la marque du 19ème siècle en matière de facture d’orgues européenne. La manufacture Walcker qui a perduré bien plus longtemps que Cavaillé-Coll s’est aussi adaptée dans la première moitié du 20ème siècle au nouveau critère de l’évolution musicale. De ce fait, elle participa étroitement au mouvement allemand « Orgelbewegung », (mouvement souhaitant renouer avec les traditions classiques tout en gardant les acquis modernes). La manufacture, au plus fort de son développement, comptait plus de 200 ouvriers.

La construction de l’orgue de la collégiale de Neuchâtel (1970) se situe à une période stylistique importante. On pourrait penser que c’est à ce moment où le style romantique post classique commence à céder la place au style symphonique. Cette évolution est évidemment très active en Allemagne autant qu’en France puisque les facteur Français tels que Cavaillé-Coll ou Merklin que l’on dit peut-être à tort, précurseurs de cette nouvelle manière de concevoir l’orgue, sont en fait en partie influencés par la facture allemande et très probablement par Walcker. Cavaillé-Coll prend d’ailleurs l’initiative d’un voyage d’étude en Allemagne d’où il revient enrichi de nouvelles idées techniques qu’il mettra aussitôt en application dans ses propres instruments.

Néanmoins les deux conceptions sont bien différentes, les orgues de Walker ou l’orgue romantique / symphonique allemand en général développe plus les qualités polyphoniques et les couleurs du son avec une abondance de jeux de 8p dont les timbres sont bien plus variés qu’en France. Pour l’orgue Français de la même période, c’est d’abord l’efficacité du rendement sonore qui est recherchée (jeux d’anches puissants et nombreux).

Il existait aussi une part importante de la partie instrumentale comme les sommiers, la boîte expressive, les mécanismes de transmission sous les sommiers, les moteurs pneumatiques d’ouverture de jeux, une part du réseau des porte-vents, un soufflet à plis parallèle à l’extérieure dans une salle sur le côté de la tribune et, bien sûre, le buffet avec certains éléments de décor déposée.

La reconstitution de cet orgue à son premier état d’origine n’a posé aucun problème particulier. Il existe en effet encore des orgues de Walcker contemporains de celui de Neuchâtel qui ont servi de références afin d’éviter toutes dérives dans le processus de reconstitution. Celui par exemple de la chapelle Protestante (opus 247) de Husseren-Wesserling, orgue Walcker édifié en 1870 et resté complètement intact. D’autres instruments contemporains de celui de Neuchâtel ont été également étudiés afin de relever précisément toutes les mesures nécessaires pour la reconstitution des tuyaux manquants dont certains sont très particuliers (le jeu Traversfloete 4 ‘ possédait des tuyaux «de bois avec des cylindres tournés»).

L’orgue de Neuchâtel présente donc un réel intérêt patrimonial d’autant plus que la presque totalité du matériel sonore d’origine subsistait encore et que les diverses modifications qu’il a subies sont toutes, pour la plupart, réversibles. Néanmoins, dans les années 1960, l’instrument a été modifié par des adjonctions néo-classiques par comme un positif de dos moderne et une traction des notes entièrement électrique

L’orgue n’étant plus aujourd’hui dans son état originel, il a été convenu de faire les plans nécessaires à une reconstitution le plus fidèle. Après le relevé précis et complet de tous les éléments de Walcker constituant la partie instrumentale (Buffet, sommiers, éléments de soufflerie etc..) ceux-ci seront redessinés et portés sur plans en 3D.

Composition :

Accouplement Positif/G.O. – Récit/G.O.

Tirasse I, II, III et pédalier en 4 – Tremblant

Hauptwerk (I) Schwellwerk (II) Pedal
     
Bourdon 16’ Principal 8' Principalbass 16’
Principal 8’ Spitzflöte 8’ Subbass 16’
Salicional 8’ Bourdon 8’ Principal 8’
Viol di Gamba 8’P Aeoline 8’ Violoncell 8’
Bourdon 8’ Plein jeu 4 à 5 rangs Bombardon 16’
Flauta 8’ Plein jeu 4 à 5 rangs Trompete 8’
Dolce 8’ Flauto traverso 4’
Quinte 5’1/3 Spitzflöte 4’
Prestant 4’ Cornet 5 rangs
Hohlflöte 4’ Fagott-Oboe 8’
Doublette 2
Mixtur (avec tierce) 2’2/3
Trompete 8’

Tous les éléments Walcker de la section instrumentale ont été entièrement restaurés : les sommiers, du type à case et soupapes coniques (une par tuyaux), les charpentes et le buffet, lequel avait subi d’importantes modifications sur sa face avant. L’alimentation a été repensée afin d’être réintégrée dans le soubassement du buffet. De plus, la transmission mécanique a été complètement reconstruite, incluant une console à deux claviers dans le style Walcker.

 La Restauration de la tuyauterie :

Suite à l’étude de la tuyauterie de l’orgue Walcker de Neuchâtel, il est apparu que les tuyaux de l’instrument étaient dans un état remarquable de conservation. La précision des marquages d’origine ne laisse aucun doute sur la recomposition originale de l’instrument. Les jeux neufs à restituer, soit la trompette Grand-Orgue, le hautbois du récit, le Posaune 16’ et la trompette 8’ de pédale ont été refait en copie stricte Walcker.