PARIS - Cathédrale Notre-Dame

Orgue : 5 claviers , pédalier

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Bref rappel historique :


L’histoire des orgues de Notre-Dame de Paris commence au 13e siècle. Dès 1357 est attestée la présence du premier instrument, suspendu en « nid d’hirondelle » sous une fenêtre haute de la nef, et qui devait s’y trouver sans doute depuis près de cent ans.
Le 25 octobre 1403, un nouvel orgue est terminé.
En 1618 est nommé un des plus grands organistes de son temps : Charles Racquet. Avec lui l’instrument va considérablement évoluer et devenir l’orgue le plus « moderne » du royaume. L’orgue de Notre-Dame est alors le premier orgue à trois claviers construit à Paris. La réception a lieu en 1620.
Médéric Corneille succède à Racquet en 1689 et, en accord avec les chanoines, commande en 1691 des travaux importants au célèbre facteur d’orgues Alexandre Thierry qui s’associe à Hippolyte Ducastel. Un marché est passé en mai 1691.
C’est en 1730 qu’est nommé titulaire Antoine Calvière (1695-1755). Dès son entrée en fonction, il obtient le principe d’une reconstruction complète de l’instrument, confiée au facteur d’orgues François Thierry. Un grand buffet neuf est alors réalisé, c’est ce buffet que l’on peut encore admirer aujourd’hui.
L’instrument comporte alors cinq claviers de 50 notes et fut longtemps considéré comme l’orgue classique français le plus complet.
En 1783, on fait appel au facteur d’orgues François-Henri Clicquot. Il réalise un agrandissement général, avec reconstruction du Positif de dos (déposés au 19e siècle à la demande de Viollet-Le-Duc, les éléments de ce buffet sont, depuis, conservés dans les combles de la cathédrale) et élargissement du grand buffet jusqu’aux murs latéraux par des panneaux Louis XVI en bas et de grands palmiers de bois en haut.
L’instrument est réceptionné le 5 mai 1788. Un relevage est réalisé en 1812 par Pierre-François Dallery (1764-1833), successeur de Clicquot. Les jeux de fonds sont en partie réharmonisés.
En 1833 une restauration, entreprise par Louis-Paul Dallery, fils de Pierre-François, modifie déjà l’orgue classique. Ces travaux sont réceptionnés en 1838 et on y loue les flûtes, le dessus de hautbois, le cornet de Bombarde.


Lorsqu’il arrive à Notre-Dame, à la demande de l’architecte Viollet-Le-Duc, Aristide Cavaillé-Coll fait un projet « d’un instrument de premier ordre à quatre claviers et pédalier suffisant pour les dimensions de l’église » qui est remis en mars 1860. Finalement Cavaillé-Coll est choisi le 23 décembre 1862 et la commande lui est passée le 15 juillet 1863, avec promesse d’achèvement en deux ans.
Mais quelques mois plus tard, Viollet-Le-Duc décide de supprimer le positif de dos.
Dégagé de toute contrainte et sans directive particulière de l’architecte, de l’organiste ou de toute commission, Cavaillé-Coll repense entièrement la disposition interne de l’instrument, en intégrant, l’ensemble des jeux de mutations harmoniques allant jusqu’à la Septième, en huit, seize et 32 pieds de résultante.


Le grand orgue de Notre-Dame comprend alors 86 jeux répartis sur 5 claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes.

A la suite du décès de Sergent,  Louis Vierne remporte le poste d’organiste et obtient assez vite un relevage de l’instrument réalisé en 1904 par Charles Mutin, successeur de Cavaillé-Coll.
De nouveaux travaux sont ensuite entrepris par Joseph Beuchet, nouveau directeur de la Société Cavaillé-Coll, avec notamment la modification de l’ordre des claviers à la console. L’instrument ainsi revu est inauguré le 10 juin 1932 par Vierne et Widor.
Au début des années 1960, de nouveaux travaux sont envisagés, sous l’impulsion du nouveau titulaire Pierre Cochereau. Des modifications sont acceptées et l’on revient en partie sur des transformations peu satisfaisantes de la précédente restauration. Les travaux sont confiés à Jean Hermann qui entretient depuis plusieurs années les orgues de la cathédrale. Une nouvelle console est mise en place, l’ancienne console est alors déposée au Musée de la rue du cloître Notre-Dame. Elle aujourd’hui présentée dans une salle la tour sud par laquelle on accède à l’orgue.
Pierre Cochereau a l’intuition de retrouver à cette occasion le Grand Plein Jeu de l’orgue du 18e, les cornets classiques (les anches du 18e étant toujours présentes) et de réaliser à Notre-Dame un instrument témoin de l’histoire de l’orgue français. Deux évènements vont l’y aider : la décision du Chapitre de la cathédrale de doter la restauration d’un budget supplémentaire, qui s’ajoute ainsi aux crédits de l’Etat, et la rencontre avec Robert Boisseau, qui prend la suite de Jean Hermann décédé en 1965.


- au Grand-orgue est transférée la batterie de trompettes venant du Solo, ce qui libère la place à ce clavier pour disposer un  Grand Plein jeu de 32 pieds (deux fournitures et une cymbale) et un cromorne 8 ;
- le Récit classique est restitué avec son dessus de cornet V et le dessus de hautbois de Clicquot que Cavaillé-Coll avait modifié ;
- deux sommiers neufs sont disposés dans les tourelles latérales pour des jeux de pédale complémentaires (compléments des harmoniques de Cavaillé-Coll depuis la tierce 3 1/5 jusqu’au piccolo 1, fourniture, cymbale et anches à corps raccourcis).
Les travaux s’étaleront sur plusieurs années jusqu’à la mise en place d’une batterie de chamades : trompette 8, clairon 4, régale 2/16.


A la fin des années 1980, l’instrument se trouve dans un état précaire, et un nouveau projet de restauration voit le jour :

 

A la suite d’un appel d’offres international, le marché est attribué à un groupement de facteurs d’orgues piloté par Jean-Loup Boisseau et son associé Bertrand Cattiaux avec Philippe Emeriau, Michel Giroud et la société Synaptel pour l’informatique.
Les travaux, commencés en mai 1990, s’achèvent en novembre 1992.

 

 

Programme général des travaux de restauration
Confiés aux ateliers P. Quoirin et B. Cattiaux

L’orgue de Notre-Dame de Paris est l’œuvre d’Aristide Cavaillé-Coll et a été remanié par Robert Boisseau. Electrifié sous le titulariat de Pierre Cochereau au début des années 60, l’instrument a donc été fondamentalement restauré en 1990-92.

 

Les travaux proposés aujourd’hui consistent en un relevage avec modernisation technique et non une restauration approfondie, l’orgue étant considéré comme restauré et abouti au plan musical depuis 1992.
D’une part, des travaux de gros entretien sont entrepris dans la partie instrumentale. Des confortations de restauration sont également à faire, dont en premier lieu la consolidation des tuyaux de façade qui s’affaissent, consolidation réalisée en partie en 1992  mais qu’il faut reprendre en allant plus loin car le processus de dégradation des tuyaux continue de progresser. Ces travaux de relevage se justifient après 20 ans car l’orgue est intensément utilisé (plusieurs heures journellement).
D’autre part, le système informatique de commande des notes et des jeux créé par Synaptel, resté à l’état de prototype, a été totalement remplacé. L’architecture du nouveau système créé par la société Eltec-automazioni de Cunéo  (Italie),  est  établie sur les ressources de l’informatique d’aujourd’hui.

 

L’orgue de Notre-Dame de Paris est utilisé aujourd’hui comme un instrument contemporain et il existe un réel conflit entre les préoccupations de conservation patrimoniale et les contraintes liées à l’utilisation de l’instrument. Ceci conduit à poser la question d’une évolution technique du tirage des jeux, dont la majorité (80%) est basée sur l’emploi des machines pneumatiques de Cavaillé-Coll. Ces machines se fatiguent à un rythme accéléré et après 20 années d’observation il s’avère désormais préférable de les conserver sans les solliciter et de placer sur les registres,  un système à vérins pneumatiques, ce qui permet de conserver tel quel, la très belle machinerie avec ses impressionnants trajets de transmissions d’Aristide Cavaillé-Coll.



Enfin, il est décidé d’étendre la tessiture d’une partie de la pédale (petite pédale moderne de Boisseau), de façon à pouvoir tirer parti de ce plan sonore dans des conditions optimales. En étendant ce plan sonore de 32 à 56 notes, on obtiendra alors un plan supplémentaire flottant qui pourra être accouplé aux plans sonores manuels.
Ces modifications ont  impliqué  une évolution de la console pour s’adapter à la nouvelle électronique, aux nouvelles fonctions et à l’augmentation du nombre de jeux.
La première tranche des travaux qui portaient sur le changement de toute l’électronique, la création de nouveaux sommiers pour la résonance, le dépoussiérage et accord général est aujourd’hui achevée. L’orgue est de nouveau en service, le jubilé des 850 ans de la cathédrale rendant impossible toute immobilisation de l’orgue entre septembre 2012 et janvier 2014.


La deuxième tranche, terminée en août 2014, a concerné les travaux suivants :

 

 

Voir la description détaillée de la console

 

Console :

 

 

 

 

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